On peut encore sauver la petite reine !

Il faut être fou ou naïf pour croire que l’on peut parcourir plus de 3.500 Km à vélo en moins de 3 semaines en tournant à l’eau claire. De tous temps suspectés, souvent avec raison, les cyclistes professionnels ont réussi à préserver leur impunité jusqu’à l’affaire Festina en 1998. Depuis, la lutte contre la triche s’est intensifiée, la course à l’armement aussi. Sur les 6 derniers vainqueurs de l’épreuve - Landis, Armstrong, Pantani, Ulrich, Riis, Indurain – 2 sont en procès, 1 est décédé, 2 ont avoué et le dernier bénéficie de la prescription. Ca ne peut pas continuer… La solution ? Il faut lé-ga-li-ser !

Cet article est dédié à Antoine Blondin et à Tom 007

La lutte contre le dopage est un combat qui semble perdu d’avance. A peine arrive-t-on à identifier un produit qu’il en surgit un autre, deux autres, mille autres. Dans un monde converti au culte de la performance, élevé au mythe du champion, abreuvé à l’aune des records qui tombent, autant en accepter la pratique, une bonne fois pour toutes. Mais accepter la pratique ne suffit pas. Et ce n’est pas Maradona, Lewis ou Virenque, piégés par des revendeurs pas vus pas pris, lâchés par des employeurs girouettes et lynchés par des médias prompts aux méchants pas beaux, qui diront le contraire.

Accepter la pratique, c’est bien. La promouvoir, c’est mieux. Une fois l’hypocrisie tombée et la prosternation devant l’argent roi avérée, il reste à faire des produits dopants des produits comme les autres. De consommation courante s’entend. Et pour ça, il faut communiquer. Spot télé : un footballeur célèbre se prépare seul dans l’intimité des vestiaires. Voix Off : « Ca n’est pas parce que je prends de la coke avant les matches que je suis moins bon footballeur. Au contraire. » Affiche en ville : un tennisman en devenir conclut un point au filet. Signature : « Les stéroïdes, c’est 110 % de mes performances. »

L’intérêt de cette évolution ? Tout le monde sort du bois. Les revendeurs à la sauvette, et les laboratoires à la pipette, ouvrent des officines, se franchisent, sponsorisent… Les employeurs offrent une vraie vitrine à la pratique, négocient avec les droguistes et se couvrent légalement au moyen d’assurances « in fine ». Et les médias suivent enfin les épreuves en connaissance de cause : « C’est formidable ! Yvon Petar, de l’équipe Cacheton-L’EPO est en vue de l’arrivée. Rendez-vous compte chers téléspectateurs : la montée de l’Alpe d’Huez en 15 minutes ! Une côte de 20 % à plus de 60 km/h de moyenne ! »

Plus de tricherie possible : l’athlète ou l’équipe qui déclare prendre de la nandrolone tourne à la nandrolone, point final. Le contrôle à l’issue de l’épreuve a pour seul but de confirmer cette assertion : « on a trouvé le produit déclaré, tout va bien, il est propre. » Et tant pis pour celui qui se fait prendre pour utilisation frauduleuse d’un produit concurrent ! Quant au consommateur spectateur, il bénéficie enfin de la transparence : « Un coup de mou ? Pensez au pot Belge ! 72 heures à fond les pédales, pas de cancer avant 40 ans. » Après tout, qui sommes-nous, usagers accros aux anti-dépresseurs et autres pilules du bonheur, pour juger ?

Reste la question des vertus supposées du sport : solidarité, sportivité, humilité, exemplarité, dépassement de soi…

Vous savez quoi ?