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Si t'as pas d'équipe...

Par Stefan2foot, le vendredi 26 Mai 2006

lamborghini lamborghini Bienheureux supporters de la planète foot, vous êtes vous déjà posé la question de savoir ce que ça fait de vivre dans un pays qui n'a jamais participé à la Coupe du Monde ? Et bien, je vais vous raconter...

Voilà, tout commence par un drapeau, un hymne, des chants, des couleurs. Puis des dates, des scores, des noms. Enfin, des souvenirs : où étais-je le 13 juillet 1998 ? Que faisais-je lors de l'aggression sur ce pauvre Harald ? Tout ça, vous connaissez, vous avez au moins vibré une fois sur les 11 participations bleues à la Coupe du Monde de Football. Peut-être êtes-vous brésilien, alors là, vous n'avez jamais rien manqué, votre équipe n'ayant jamais rien manqué. Ou alors vous êtes hongrois et vous vous souvenez du 10-1 contre El Salvador en 82... Dans tous les cas, si vous n'êtes pas dans un des sept pays pouvant se vanter d'avoir soulevé la soupière de Jules Rimet, il y a de grandes chances que votre équipe ait déjà au moins participé une fois à une phase finale de CdM.


Pourtant, il existe des lieux sur Terre, lugubres et sombres, qui ne voient jamais le jour se lever sur un match de CdM. Je veux dire un match où drapeau, hymnes, chants et couleurs ressemble à ce que l'on voit par la fenêtre. Et bien moi, je vis dans un de ceux-là, un pays lointain et abandonné de tous, qui n'a jamais été à la Coupe du Monde.


Alors comment ça se passe ? Les gens ignorent-ils tout bonnement l'événement planétaire ? Jouent-il au cricket à la place ? Que neni ! Ils suivent et suivent bien. La vente de TV LCD a été multiplié par 300 depuis un mois. Même mon banquier m'a appelé, 50 dollars sur 16 mois, 42 pouces. Donc, ils suivent. Mais, me direz-vous, comment peuvent-ils s'intéresser à un truc aussi nationaliste que la CdM si leur coeur n'y est pas ? Alors, ils choisissent. Ils choisissent une équipe. Et pas n'importe comment. Tout d'abord, il faut séparer en deux ces mercenaires de l'encouragement : les constants, qui encouragent toujours la même équipe, soit parce qu'ils ont une double nationalité achetée sur le marché noir (italienne, russe ou canadienne), soit parce qu'ils ont résidé dans le pays chéri durant les événements tragiques du passé, soit parce que leur nouveau gendre est un "ajnabé", c'est à dire un étranger et qu'ils ne veulent pas le blesser. Autre catégorie : les opportunistes, qui changent chaque année, en fonction de la raison du plus fort. En 2002, c'était Allez les bleus, en 2006, c'est Brazil wa bass ! Certains marginaux essayent de se distinguer en choisissant un outsider : Hollande, Suède ou encore Arabie séoudite.


Ok, c'est bien joli tout ça : mais comment savoir qui est avec qui, dans un pays où l'appartenance se montre, qu'elle soit religieuse, politique ou autre. La clé, c'est la bagnole, deuxième raison de vivre après Dieu. Tout commence par un petit stand au coin de la rue : 3 dimensions : le géant 2m*4m, le spécial 50*80 avec piquet en bois et petit pointe dorée en plastique, et le spécial vitre avec système en plastique blanc qui permet de maintenir le tout en fermant la fenêtre du bolide. A chacun sa passion, à chacun son drapeau. Evidemment, chaque stand n'a pas les 32 fanions dans les 3 dimensions. Oubliez l'Angola et Trinidad ! Le Brésil, l'Italie, l'Argentine et l'Allemagne sont sur-représentés, le France et les brits viennent bien classés et quelques stands professionnels proposent Suède, Suisse, Hollande. Dans certains quartiers, les drapeaux utilisés dans les récentes manifestations politiques sont recyclés : Iran, Arabie Séoudite, USA. Choisis ton camp, camarade.


Bon, une fois le drapeau acheté, tout n'est plus qu'artistique : Classique façon diplomate, coincé sur la vitre, version aérienne accroché avec une corde et flottant au vent par dessus le toit de l'auto, version coffre qui pend sur la route, comme une traine de mariée, version capot avant avec 50% de chances de se le prendre sur le pare brise qand on double à 120 sur l'autoroute, version intérieure housse de siège ou couverture de tableau de bord, version discrète noué autour du retro-viseur, etc... The sky is the limit dans ces cas, surtout pour les ampes de 3 mètres qui accrochent les fils électriques qui pendouillent à travers les rues.


Et puis tout ce qui va avec : autocollants, photos, slogans (follow me if you can! You want to play? CIA car - watch out! My other car is a Porsche, Pyonir offisial Car, Marcidess #1, etc...) et autres xlaxons. Le top du kitch ? L'appui-tête Brésil en fourrure ? Le spoiler arrière "Ronaldo" ? Le pare soleil opaque Argentina fluo la nuit (ici, on dit phosphorique) ?


Voilà comment on fête quand c'est pas la fête. Voilà comment on fait semblant de vibrer, pour des gens dont on ne comprend même pas la langue...


Mais vous savez quoi : il y a 3 fois plus de libanais au Brésil, qu'au Liban. Ceci explique cela.


A plus.

Stefan2foot
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Commentaires 1 commentaire

jeanneymar jeanneymar

dimanche 05 Avril 2015 à 17h43

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