Hôtel Overlook

L’OL est-il en train de devenir un club populaire ? Sans vouloir espérer qu’un jour, ce club sans équivalent dans l'histoire du foot, puisse attirer vers lui les petits cœurs transits des supporters de toute de la planète, je crois que l’OL montre aujourd’hui un visage dramatique et forcément séduisant.

L'OL est aujourd'hui une équipe franchement dramatique, au sens spectaculaire du terme. C’est la Nuit des Oscars à Hollywood, lassiez-moi tenter un parallèle cinématographique : Comme Nicholson dans Shining, l’OL est un monstre inquiétant, qui gagne en puissance, qui gagne en force à chaque coup porté. Il est au centre de l’écran, démon blessé. Chacun de ses gestes, chacune de ses paroles apporte au pathos d'une situation inédite. Il échappe à la résistance du bien et attire le spectateur avec lui vers le labyrinthe glacé, où, touché à mort, il s’écroulera dans des hurlements terribles, déclenchant, comme Jack Torrance, une vague finale de pitié pour ce monstre finalement sympathique.

Tout va mal pour l’OL. Après un début de championnat excellent et quelques performances exceptionnelles en LDC, l’OL a commencé à écœurer la concurrence par des victoires sur le fil, des buts impossibles et des coups de pouce du destin, parfois aidés par des décisions arbitrales douteuses. Puis vint le moment où Jack Torrance semble basculer dans le côté obscur : le roman qu’il écrit n’est finalement qu’une illusion. L’OL se détruit doucement de l’intérieur. Inefficacité offensive, irrégularité défensive, le mal ronge le monstre et il vacille sous les coups de batte de baseball de sa femme. Ce championnat qu’il a épousé depuis 5 ans et qui lui obéi au doigt et à l’œil. Le mal ronge le monstre de l’intérieur et la douleur envahit ses propos. Lamentations, excuses débiles, victimisation. Viens, Canard, je ne veux pas te faire de mal… Sauvé par l’assassin qui a massacré ses filles dans l’Overlook Hotel, Torrance échappe au frigo de l’hiver sans trop de mal finalement. Pour sembler revenir plus fort. Mais la folie brûle dans ses yeux. Aulas Ses pas sont hésitants, sa démarche boiteuse.  Jack avance armé, prêt à frapper avec sa hâche. Il fera quelques victimes en chemin. Mais sa femme lui échappera à la fin, de même que son rêve ultime, son fils, cette ligue des champions qu’il n’a jamais su séduire, ni comprendre. L’OL ira s’effondrer dans l’hiver du Colorado, oublié de tous.
Shining n’est pas un film populaire, mais on histoire, tellement terrifiante est finalement pourtant vraiment morale. Pour beaucoup, l’OL représente ce mal qui ronge le foot depuis quelques années, ce mal de l’argent, de l’efficacité, de la réussite froide et calculatrice. Un mal pourtant en proie à de sérieux doutes, devant l’échec relatif de clubs comme le Real, Mu ou Chelsea.

Or, l’image d’un OL qui se débat dans son mal, boiteux et faisant tourner sa hache autour de sa tête, ne laisse personne indifférent. Le spectateur s’en fout des règles de l’arbitrage ou des horaires des matchs. Le spectateur veut du spectacle, du drame, du sang et des larmes. Le spectateur n’aime pas les héros invincibles et froids. Et tout le monde attend de voir comment l’OL va finir… Dans les larmes d’un crime romain, commis par le sourire destructeur d’un Totti hollywoodien, dans un rush lensois de fin de championnat, dans une finale de Coupe de la Ligue face au fantôme girondin ?

Pour la première fois de son histoire, l’OL offre un spectacle dramatique. Et visiblement tout le monde aime ça. Je ne suis pas sûr que l’OL, quelle que soit l’issue, n’en sorte que totalement perdant.