Räikkönen au-dessus du lot

Parti de la pole, Kimi Räikkönen (Ferrari) a dominé le GP d'Australie dimanche devant les McLaren de Fernando Alonso et Lewis Hamilton.

La page est déjà tournée, magistralement. Pour son premier grand prix post-Michael Schumacher, la Formule 1 s'est donnée le plus jeune podium de toute son histoire, dimanche en Australie, avec Kimi Räikkönen, 27 ans, suivi sur la ligne d'arrivée par Fernando Alonso, 25 ans, et Lewis Hamilton, 21 ans.

Une réjouissante cure de jouvence de 58 tours qui a renouvelé la vision de ce sport puisque le Finlandais a gagné dès son premier grand prix avec Ferrari, tandis que le double champion en titre, ex-Renault, a montré que son transfert chez McLaren n'avait rien d'hasardeux. Et que dire du champion de GP2 2006, qui a mené dès son entrée dans la catégorie ! Jacques Villeneuve était le dernier débutant à recevoir les honneurs du podium dès sa première sortie, sur Williams, en 1996, à Melbourne.

Le départ a été palpitant, sans anicroche, et le scénario limpide : Räikkönen s'est échappé vers sa 10e victoire dès le premier virage, où Lewis Hamilton a surgi en 2e position, devant Nick Heidfeld et Fernando Alonso ! La BMW de l'Allemand était la seule monoplace de tête chaussée de gommes tendres ; elle est rentrée dans le rang lors de son premier ravitaillement, précoce, pour finir à la 4e place. Hamilton a tenu en respect son équipier avec un culot incroyable. L'Espagnol a fait la différence au métier, en cravachant pendant ses deux tours de piste libre avant son deuxième arrêt, pour ressortir juste devant le protégé de dix ans de Ron Dennis.

Alerte pour Räikkönen

A l'arrivée, Kimi Räikkönen a révélé les fausses apparences de l'aisance. "La course n'a pas été aussi facile qu'elle a paru car ma radio a cassé avant le départ. Nous avions un plan établi et je l'ai plus ou moins respecté. Ce n'était pas une situation confortable." L'imperturbable "Robot Raikko" a quand même eu une petite frayeur, sur la fin, en reprenant de justesse une glissade du train arrière de sa F2007.

"C'était complètement de ma faute. Ce genre de chose arrive lorsque l'on n'a pas à se presser", a-t-il reconnu. A part ça, ce fût tranquille. "Une bonne course, je n'ai pas eu à trop attaquer. La voiture était rapide et j'avais juste à la ramener à la maison", a-t-il résumé. L'énergie mise dans ses poings au damier a néanmoins trahi un bonheur peut-être rarement ressenti. "L'ambiance dans le team est parfaite. Ils me rendent la vie vraiment facile", a expliqué le successeur de Schumi.

Chez McLaren, on a donné le change avec les deux pilotes et Woking mène le championnat Constructeurs avec 14 point, soit un de plus que Ferrari. Car le rapide Felipe Massa, parti 22e et dernier suite à un changement de moteur, a eu des vues imprenables sur les boîte de vitesses de ses adversaires, jusqu'à celle de la Renault de Giancarlo Fisichella, qui lui a refusé l'accès à la 5e place.

Kovalainen passe à côté de son sujet

"Ferrari était un peu trop rapide pour nous, il nous fallait donc prendre le maximum de points", a volontiers admis Alonso. "La stratégie a favorisé Fernando [Alonso], mais elle n'a rien enlevé à Lewis" , a jugé Ron Dennis. "Quelle course incroyable ! Il (Hamilton) mérite la 3e place. Dix ans de dur travail le récompensent. Il a fait beaucoup de sacrifices", a ajouté le patron de McLaren.

Pour le reste, on retiendra le loupé du vétéran David Coulthard, qui a fait passer sa Red Bull par-dessus la Williams de l'infortuné Alexander Wurz, et les déboires de Heikki Kovalainen, annoncé comme le pendant de Lewis Hamilton chez Renault. Au volant d'une monoplace qui ne tolère pas encore parfaitement ses nouveaux Bridgestone, l'ex-essayeur du Losange s'est fait rappeler plusieurs fois à l'ordre par les bords extérieurs, commettant même un tête-à-queue. "Je n'ai pas fait une belle course : trop d'erreurs et un niveau de performance tout simplement mal contrôlé", a avoué le Finalndais, 10e, que l'on espère pas trop marqué moralement par ses mésaventures.