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Chronique des coupes d'Europe : AS Saint-Etienne

Par magicjool, le mercredi 09 Mars 2016

Chronique des coupes d\'Europe : AS Saint-Etienne

Voici donc la dernière chronique des coupes d'Europe de cette année. Et ce n'est pas sans un réel plaisir que je vais revenir sur une épopée mythique du football français. Pour les fans de foot présents sur ce site je vais essayer de ne pas dire trop de bétises. Aujourd'hui, on revient sur le foot français des années 70 et son plus grand représentant de l'époque, l'AS Saint-Etienne. Revenons un peu sur le contexte. En 1961, Roger Rocher va devenir président de l'ASSE. C'est le début d'une aventure qui va conduire le club du Forez vers les sommets du foot hexagonal. Une domination qui durera jusqu'au début des années 80. On se souviendra de la rivalité avec le FC Nantes. C'est une période où l'on a vu de vraies philosophies de jeu. Plus qu'une période fantastique pour le foot, « les verts » deviendront un phénomène de société. Difficile donc de parler de l'année 1976 sans écouter parler de poteaux carrés ou bien d'entendre quelqu'un commencer à chanter « qui c'est les plus forts, évidemment c'est les verts !! ». Ceux de ma génération, les trentenaires, ont surement grandi en écoutant mille fois la légende des verts. Cette période de presque 20 ans laissera des noms comme Albert Batteux, Robert Herbin, Jean-michel Larqué, Jacques Santini, Aimé Jacquet, Johnny Rep, Gerard Janvion, Dominique Bathenay, Dominique Rocheteau ou même Michel Platini dans les mémoires... Le stade Geoffroy Guichard gagnera son surnom de Chaudron. Saint-Etienne était le club populaire par excellence. Epoque d'insouciance où les footballeur avait les cheveux longs, les shorts courts.

L'apogée de cette légende est donc la saison 1975/76 est le parcours de l'ASSE en coupe des clubs champions. L'année d'avant, les verts s'étaient offert une première épopée européenne en C1 dont un mémorable 1/8 contre le Hajduk Split (1-4 ; 5-1) mais qui s'est terminé en demi-finale contre l'intraitable Bayern de Munich. Tous les espoirs étaient donc permis pour cette nouvelle campagne. Tout commence au Danemark en seizième de finale face au FC Copenhague. Lors de ce déplacement, Sainté réalise un bon match et va l'emporter sur le score de 2 à 0 grâce à des buts de Revelli et Larqué. Le match retour s'annonce donc comme une formalité. Le chaudron verra ses protégés obtenir un succés facile 3 à 1, buts signés Rocheteau, Revelli et Larqué. Autant dire que ce premier tour était plus une mise en jambe qu'un véritable piège. A partir des huitièmes, l'affaire va quelque peu se corser puisque le tirage au sort oppose aux stéphanois le Glasgow Rangers. Le club écossais est accrocheur, les rangers sont une équipe qui ne lache rien. Enfin un test qui va permettre de mesurer la place des verts au niveau européen. Cette fois-ci, les verts reçoivent au match aller. Et une fois de plus, le chaudron mérite son statut de citadelle imprenable. Face à Glasgow, les verts gèrent en patron, ils ouvrent le score par Revelli à la 28ème minute. Le score restera à 1 – 0 jusqu'à la 89ème minute et le but de Bathenay qui permet aux verts d'envisager le retour avec une marge de sécurité. Pour le retour, l'enfer d'Hampden Park, mais les stéphanois ne se laisse pas impressionner et grâce aux réalisations de Rocheteau (63ème) et Revelli (72ème) tuent le match malgré la réduction du score écossaise à la 88ème minute par MacDonald. L'obstacle est franchi haut la main. Saint-Etienne est sur de son jeu et semble avoir acquis une certaine maturité dans ces joutes européennes.

Pour le 1/4 de finale, c'est le grand Dynamo de Kiev d'Oleg Blokhin qui est l'adversaire des verts. Cette fois c'est du sérieux. Le match aller se déroule à Kiev et Sainté perd pied, dominé par le jeu des soviétiques. Bathenay inscrit un but contre son camp à la 23ème minute. Blokhin donne plus tard un avantage important à son équipe en marquant à la 55ème minute. Les stéphanois sont au bord de la rupture. Le chaudron une nouvelle fois va être le témoin d'une bataille. Sainté doit réaliser un exploit pour continuer sa route. Les verts ce soir là sont en feu. Mais les ukrainiens tiennent. Il faut attendre la 64ème minute pour voir l'ouverture du score de Revelli. Le match s'emballe et le peuple vert y croit. L'ambiance du chaudron est assourdissante, on veut revivre une nuit comme celle de l'année d'avant face à Split. Le premier soulagement arrive à la 71ème minute et le second but signé Larqué. Saint-Etienne s'offre la prolongation. La nuit est longue pour les supporters au bord de l'angoisse. Il faut que l'affaire se règle avant les impitoyables tirs au but. C'est l' « ange vert » Dominique Rocheteau qui va mettre le chaudron en ébulition et libérer toute une ville, un pays de ce suspens insoutenable. A la 113ème minute, il inscrit le but du 3 à 0. L'exploit est fait. Les verts continuent de rêver d'Europe. Encore un moment qui batit la légende.

En ½ finale, un nouveau monstre du foot européen se présente, le PSV Eindoven. Le match aller est à Geoffroy Guichard. Les verts l'emportent sur un unique but inscrit à la 15ème minute par Larqué. Au match retour, les verts résisteront aux hollandais. La rencontre se terminera par un nul 0 – 0. C'est en costauds que les joueurs de l'ASSE décrochent leur billet pour la finale de la coupe d'Europe qui aura lieu à Glasgow.

Le grand soir, 65000 personnes envahissent Hampden Park. Beaucoup supportent les verts. La France est tournée vers un match de foot. Personne ne peut ignorer l'événement. Un audimat digne d'une finale de coupe du Monde. L'ASSE fait figure de favori même !! Cependant, l'ange vert a perdu ses ailes, atteint d'une déchirure à la cuisse... Rocheteau est blessé. Mais le moral est bon. A leur entrée sur le terrain, on peut sentir l'envie et l'enthousiasme des stéphanois. Cela se traduit dans le jeu. Le Bayern est mangé par Saint-Etienne, aux allures de géant vert. Seule la 2ème minute fait trembler l'ASSE lorsque Gerd Muller inscrit un but refusé pour hors-jeu. A la 34ème minute, Bathenay entame une course folle, éliminant balle au pied plusieurs adversaire dont le kaiser Bekenbauer, frappe de 20 mètres... touche la transversalle. Le ballon revient sur Revelli seul mais il ne peut reprendre comme il faut et sa tête finit dans les gant de Sepp Maier. Un grand frisson parcours le stade. 39ème minute, débordement de Sarramagna côté gauche, il élimine Hansen par sa vitesse, centre premier poteau pour la tête décroisée de Santini qui touche à nouveau la barre... le ballon revient dans les pieds d'un défenseur bavarois tout heureux de pouvoir dégager. Par 2 fois, la barre a renvoyé au tapis les espoirs des verts. A la mi-temps, un 0 à 0 bien heureux pour le Bayern. En seconde période, même rythme, Sainté ne lache rien et produit un match fabuleux. On arrive aux alentours de l'heure de jeu, les verts fatiguent un peu de leurs efforts. Piazza commet une faute sur Muller à 20 mètres du but de Curkovic. Kaiser Franz décale une passe dans les pieds de Roth qui décoche une frappe lourde et merveilleusement placée... 1 à 0 pour Munich. Le mal est fait. Le géant vert est touché à son talon d'argile. Pourtant, les verts vont continuer à pousser. En vain. Jamais ils ne reviendront au score. Au coup de sifflet final, les larmes de Santini et consorts coulent sans pour autant les soulager de leur tristesse. « Ils ont tout tenté » titrera l'équipe. Alors la légende expliquera que ce soir là à Glasgow, si les poteaux n'avaient pas été carrés... avec des si... Ce qui est vrai, c'est que cette équipe a tellement fait chavirer les cœurs qu'on leur organisera un défilé sur les Champs Elysées. A la fois célébration du courage de ces verts, à la fois synonyme d'une France qui aime ses valeureux perdants, tel Poulidor en cyclisme. Mais dans la tête de beaucoup de ses joueurs, une seule idée en tête, il faut devenir des gagnants.

Ainsi s'arrête mes chroniques des coupes d'Europe pour cette année. Je pense revenir bientôt avec de nouvelles chroniques mais ça, c'est une autre histoire...

Julien Dehodencq alias Magicjool

magicjool
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Commentaires 2 commentaires

rijekayu rijekayu

vendredi 11 Mars 2016 à 17h21

Bravo Julien emoji 22
Effectivement l'épopée des verts, c'était quelque chose emoji 11 J'en suis nostalgique emoji 11
chrisnonore chrisnonore

mercredi 09 Mars 2016 à 18h52

Ah ! Tu nous parles d'un temps que les moins de ans ... euh pardon ! les moins de ans ne peuvent pas connaître !!! emoji 17
Mon père m'a souvent parlé de ce quart de finale retour contre Kiev et de troisième but qui arrive sur un contre de 100 mètres alors que les Soviétiques venaient de louper la balle de match.