Chronique de l'Euro : 1992

           En 1992, l'Euro prend pour destination la Suède. Une nouvelle décennie commence, qui va marquer l'histoire de l'europe et par conséquent le football européen. Comme nous allons le découvrir, cette année 1992 va être riche en histoires, tristes et joyeuses. Pour commencer, on peut parler du retrait de la RDA juste avant les qualifications en 1990 pour cause de réunification de l'Allemagne. La RFA championne du monde en titre n'existe plus. L'équipe allemande sera celle d'une nation réunifiée pour la première fois en compétition. Cela n'empêche pas l'Allemagne d'être parmi les favoris, bien au contraire. 33 pays vont prendre part aux qualifications dont les Iles Feroé et San Marin pour la première fois. L'URSS participe en tant que telle également.

         Il est temps de s'intéresser aux éliminatoires de cet Euro. 7 groupes sont tirés au sort et le vainqueur de chacun d'eux retrouvera le pays organisateur, la Suède, pour la phase finale. Cette fois je ne vais pas vous parler de tous les groupes un par un mais vous raconter les choses les plus marquantes. En premier lieu, nous allons regarder le parcours de la France qui figurait dans le groupe 1 comme un signe pour cette chronique. Les bleus ont pour sélectionneur Michel Platini. Ils ont été absents de la dernière Coupe du Monde 1990 en Italie. L'équipe est pleine de promesse notamment avec l'arrivée en sélection de talent prometteur comme Papin ou Cantona. On peut évoquer également une génération qui fait briller le foot français notamment avec l'OM ou les Girondins de Bordeaux. Platoche compte bien mettre à profit ce nouvel essor et se voit bien 8 ans après aller chercher un autre Championnat d'Europe en tant que sélectionneur après l'avoir gagné comme joueur. La france débute en Islande avec une victoire 2 à 1 et des buts signés Papin et Cantona. Le deuxième match est la réception de la Tchecoslovaquie, nouvelle victoire 2 à 1 et doublé de Papin. En Albanie, la France fait le boulot par la plus petite des marges, 1 à 0 but de Boli. Le dernier match aller est la réception de l'Espagne au Parc. Un match difficile sur le papier mais si les espagnols viennent d'étrier 9 à 0 l'Albanie, ils ont déjà perdu un match en Tchecoslovaquie. Les bleus peuvent prendre une marge confortable sur les ibériques en cas de victoire. Et c'est chose faite, 3 buts à 1. Bakero a ouvert le score à la 10ème minute mais Sauzée égalise à la 14ème. Papin puis Blance permettent de faire la différence en seconde période. Les bleus battent ensuite facilement l'Albanie 5 à 0. Papin et Sauzée inscrivent un doublé. Le tournant de ces qualifs c'est le déplacement en Tchecoslovaquie. Malgré l'ouverture du score de Nemecek, la France ne perd pas pied. Papin est irrésistible et inscrit un doublé victorieux, 2 à 1 pour les bleus. Le déplacement suivant est en Espagne. La France a déjà casiment acquis sa qualification. Mais notre équipe nationale va aller chercher une victoire de prestige 2 à 1 avec des buts de Fernandez et Papin. Enfin la réception de l'Islande est une formalité, la france gagne 3 à 1, but de Simba (le roi de la biciclette et du top but de telefoot) et un doublé de Cantona. 8 victoires en 8 matchs, parcours parfait de la France de Platini.

L'Ecosse se qualifie dans le groupe 2 assez ouvert. L'Allemagne réunifiée se qualifie sans mal dans le groupe 5. L'Angleterre a du batailler mais s'en sort bien dans le groupe 7. Les Pays-Bas tenants du titre ont hérité d'un groupe tranquille, le 6, et obtiennent le droit de défendre leur titre. Maintenant parlons de l'URSS qui figurait au groupe 3. Elle affrontait un gros morceau, l'Italie. Les deux équipes ne font que des nuls 0 à 0 dans leurs oppositions. Mais les Transalpins perdront un match en Norvège qui sera fatal. Les soviétiques se qualifient mais L'URSS va disparaître. Toutefois, l'UEFA va laisser l'équipe participer au tournoi sous la bannière de la CEI soit la Communauté des Etats Indépendants. Et il faut mettre cette histoire en parallèle de celle du groupe 4 où figurent la Yougoslavie, le Danemark, l'Irlande du nord, l'Autriche et les Iles Feroé. La Yougoslavie gagne au Danemark mais les danois vont l'emporter en Yougoslavie. Les danois vont malheureusement réaliser un nul qui les élimine face à l'Irlande du nord à Belfast. La Yougoslavie termine première de son groupe et obtient son billet... Mais une guerre civile éclate dans le pays en 1992. L'UEFA prend cette fois la décision d'exclure les yougoslaves de l'Euro. Le Danemark est alors appelé à remplacer la Yougoslavie à l'Euro.

           La 9ème édition du Championnat d'Europe des nations a lieu du 10 au 26 juin 1992. Les huits pays participants se partagent en 2 groupes. Dans le groupe A, la Suède, la France, l'Angleterre et le Danemark se disputent les places en demi finale. On commence par le match entre la Suède et la France. Les suèdois chez eux font une belle entame de match. A la 24ème minute, Eriksson ouvre le score. En seconde période, Papin égalise. Le match se termine à 1 partout. Dans l'autre rencontre Danemark et Angleterre se quittent sur un 0 à 0. L'Angleterre affronte ensuite la France pour un nouveau match nul et vierge. La Suède quand à elle bat le Danemark 1 à 0 sur un but de Brolin à la 58ème minute. Au moment d'aborder les derniers matchs, la Suède a un pied en demi et le Danemark invité surprise de cet Euro est au bord de l'élimination. Mais tout peut changer. A la 4ème minute, Platt ouvre le score pour l'Angleterre contre la Suède. Dans l'autre match, les français se font surprendre par un but danois de Larsen à la 8ème. 1 à 0, ce sont les scores à la pause. En seconde période, les suédois égalisent par l'intermédiaire de Eriksson à la 51ème. Papin remet less français dans la course à la 60ème minute. Les deux matchs sont serrés. A la 78ème, le premier tournant arrive avec un deuxième but pour le danemark qui joue sans complexes. La France est en train de se faire éliminer. Les Suédois, eux aussi vont obtenir la victoire à la 82ème minute. Les matchs se terminent et les bleus de Platini passent complètement à côté de cette compétition où ils faiisaient figure de favoris. Les danois continuent leur route eux qui ne devaient même pas être là !

Dans le groupe B, les tenants du titre, les Pays-Bas sont opposés à L'Allemagne, l'Ecosse et la CEI. Lors des premiers match, le tenant du titre hollandais affronte l'Ecosse et l'emporte 1 à 0, alors que l'Allemagne doit se contenter d'un nul 1 à 1 avec la CEI. Ces mêmes allemands vont ensuite battre l'Ecosse 2 à 0. Les Pays-Bas n'arrivent pas à battre la CEI, le score reste nul et vierge dans cette presque revanche de la dernière finale de l'Euro. Pour la CEI, tout est encore jouable à condition de battre l'Ecosse. Mais ce sont les écossais qui vont réaliser une très belle performance pour l'honneur et gagner 3 à 0. Dans le même temps, la première place se jouait entre les Pays-Bas et l'Allemagne, un classique du football. Tout se décide très vite avec l'ouverture du score de Rijkaard à la 4ème minute, et le second but de Witschge à la 15ème. Klinsmann réduit la marque à la 53ème mais Bergkamp marque un troisième but oranje à la 72ème. Victoire 3 à 1 des Pays-Bas. Il faudra compter sur eux encore une fois.

La première demi finale oppose la Suède à l'Allemagne. Le pays organisateur souhaite réaliser une belle performance. Mais les allemands sont de gros clients, d'ailleurs ce sont eux qui ouvrent le score par Hassler à la 11ème minute. 1 à 0 à la mi-temps. Riedle double la mise pour la mannshaft à la 59ème minute. A la 64ème, la Suède ragit et obtient un penalty que Brolin transforme. Le match est serré et les suèdois ne sont pas loin de l'égalisation quand Riedle à la 88ème minute marque le troisième but allemand. Anderson réduit la marque tout de suite derrière mais c'est insuffisant. L'Allemagne accède à une nouvelle finale de l'Euro. Dans l'autre match, les Pays-Bas font face à l'invité surprise le Danemark, une équipe sans pression ni M.Laudrup fâché avec son selectionneur avant l'Euro. Les danois commencent d'ailleurs très fort et surprennent les Oranje dés la 5ème minute avec un but de Larsen. Bergkamp égalise à la 23ème minute. Le début de match est un peu fou fou. Larsen encore lui, redonne l'avantage au Danemark à la 33ème. 2 à 1 à la mi-temps. Les hollandais reviennent de la pause pour courir après le score. Les danois donnent tout et résistent plutôt bien. Les hollandais sont crispés mais la libération arrive à la 86ème minute et un but de Rijkaard. 2 à 2... plus rien ne sera marqué jusqu'à la séance des tirs au but. Koeman ne tremble pas, Larsen non plus. Van Basten se dirige vers le point de penalty. Il se prépare tranquillement. Il s'élance et tire sur la droite du but, Peter Schmeichel repousse de ses deux mains fermes. Bergkamp, Rijkaard et Witschge réussisent leur tir. Mais les danois ne ratent pas non plus. Le dernier tireur danois Christofte ne prend pas d'élan... il réalise le parfait contre pied !! L'incroyable Danemark accède à la finale.

Le 26 juin 1992, à Goteborg, c'est une affiche inattendue qui réunit 37000 spectateurs. L'Allemagne déjà double championne d'Europe contre l'invité surprise le Danemark. Ma première finale de l'Euro devant la télé. Les allemands démarrent fort et mettent la pression aux danois. On découvre un Schmeichel impérial et des allemands trop maladroits.18ème minute, première incursion danoise côté droit, Povlsen semble perdre le ballon mais le récupère, il décale à l'angle de la surface Jensen qui d'une frappe croisée ras de terre marque le premier but danois. Encore une fois, le Danemark réussit à prendre le match en main. Peut-on encore parler de surprise quand on a vu les matchs face à la France et les Pays-Bas, principaux favoris de l'Euro avec l'Allemagne. En seconde période, Klinsmann claque une tête incroyable qui semble envoyer le ballon en pleine lucarne mais Schmeichel claque cette balle. Par terre, Klinsmann n'en croit pas ses yeux, dépité. A la 78ème minute, ballon de contre danois, Vilfort contrôle pied droit, crochette son défenseur et décoche une frappe pied gauche, ras du sol... la balle échappe à Illgner et vient s'écraser contre l'intérieur du poteau droit et entrer dans les filets. 2 à 0. Jamais l'Allemagne ne retrouvera les ressources pour changer le match. Victoire de la seule équipe qui n'est pas parvenu à se qualifier pour cette phase finale, le Danemark. Quelle histoire, quelle victoire. B.Laudrup, Schmeichel, Povlsen, Jensen... une génération danoise talentueuse inscrit son nom au palmarès du Championnat d'Europe, chez son voisin Suédois, qui plus est.

          Ainsi se termine cette chronique forte en émotions. Gamin, j'étais à fond derrière le « petit poucet » danois. La suite des événement historique de cette période va amener l'émergence de nouvelles nations de football à l'Est et dans les Balkans. Pour cette raison, l'Euro va grandir dés la prochaine édition mais ça, c'est une autre histoire...

Julien Dehodencq alias Magicjool