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La génération perdue

Par plitvice22, le jeudi 06 Juillet 2017

Après la génération dorée Oranje du début des années 90, je vais vous parler, à la même époque, d'une génération perdue. Pourtant cette dernière comportait parmi les plus grands artistes du foot des années 90, des joueurs qui auront brillé en club mais qui n'auront pas pu profiter de leur talent avec leur sélection: il s'agit de la dernière génération yougoslave.

La Yougoslavie est liée à jamais à un homme: Tito. Ce militaire prit le pouvoir du pays à la fin de la 2e guerre mondiale et développa un état à part dans le monde bipolaire de l'après-guerre. Et le football profita de l'essor du pays pour mener une politique de formation mondialement reconnue et qui permit de récolter l'or olympique en 1960 et le surnom de "Brésil de l'Europe". Mais à la mort de Tito en 1980, c'est tout un pays qui commença à se morceler. Sans garant pour maintenir l'unité du pays, ce dernier vit la montée progressive des notionalismes et bascula petit à petit vers un éclatement inéluctable qui s'acheva dans la douleur dans les années 90 et dont les conséquences se font toujours ressentir comme lors des récents incidents entre lors du match Serbie-Albanie.

Au niveau football, c'est toute une génération brillante qui en fit les frais et dont le plus grand symbole est l'équipe du mondial italien de 1990. Une équipe qui alliait l'expérience des plus anciens comme Vulic, Hadzibegic, Susic ou Zlatko Vujovic et le talent naissant de futures grandes stars comme Boksic, Suker, Prosinecki, Savicevic ou Jarni (certains ont été sacrés chapions du monde des moins de 20 ans en 1987) avec en artiste central le magique Dragan "Pixie" Stojkovic. Un autre magicien manquait tout de même à l'appel, Zvonimir Boban, privé de ce mondial par les prémices de la fin de la Yougoslavie. Le 13 mai 1990, lors d'un bouillant Dinamo Zagreb - Etoile Rouge de Belgrade (match qui ne débutera jamais) le jeune Boban s'attaque à un policier yougoslave qui s'en était pris aux supporters du club croate durant les émeutes d'avant-match. Cet incident symbolise pour bien des personnes le début de la guerre civile et entraînera la suspension d'équipe nationale pour Boban.

Mais la Yougoslavie fit une dernière fois honneur au pays lors de ce mondial. A la tête de l'équipe, Ivica Osim réussit à maintenir une cohésion indispensable malgré la guerre qui couvait, les critiques inévitables du sélectionneur accusé de favoriser certains joueurs en fonction de leurs origines.

C'est ce contexte tendue que se déroula le mondial 1990 qui commença bien difficilement pour les Plavi (Bleus) assommés d'entrée par les Allemands (1-4). Mais les hommes d'Osim réagissent et décrochent leur qualification pour les 1/8e où Stojkovic, auteur d'un fabuleux doublé, arrache la qualification face à l'Espagne (2-1). Les Yougoslaves seront arrêtés en 1/4 de finale par l'Argentine de Maradona après avoir plus que résisté en jouant notamment à 10 pendant 90 minutes. Les deux stars Stojkovic et Maradona maquaient leur tir au but et c'est Goycochea, le gardien argentin qui sauva l'Albiceleste en sortant les deux derniers tirs yougoslaves.

La Yougoslavie devait être une des têtes d'affiche de l'Euro 1992 mais sera exclue 10 jours avant le début de la compétition, conséquence de la guerre et de l'embargo décidé par l'ONU. L'équipe s'était brillamment qualifiée malgré le départ des joueurs croates courant 1991. Et, ironie du sort, le Danemark, repêché pour l'Euro comme second du groupe dominé par la Yougoslavie, remportera cet Euro à la surprise générale. Cette période priva le foot d'une génération incroyable chamionne du monde des moins de 20 ans en 1987, certains champions d'Europe des clubs champions en 1991 face à l'OM de Stojkovic (Savicevic, Prosinecki, Pancev, Mihajlovic, Jugovic). Cette génération aura un dernier coup d'éclat en 1998 lorsque les Croates de Suker, Jarni, Prosinecki et Boban firent vaciller la France sauvée miraculeusement par Thuram en demi-finale.

La Yougoslavie n'est donc plus qu'un souvenir dissous dorénavant à travers la Croatie, la Slovénie, la Serbie, la Macédoine, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et depuis peu le Kosovo, dernier venu dans le paysage footballistique. Mais il reste la magie du passé...

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Commentaires 6 commentaires

plitvice22 plitvice22

vendredi 07 Juillet 2017 à 17h34

J'ai même eu tendance à devenir supporter marseillais lorsqu'ils ont signé Pixie. C'est que j'aimais Pixieemoji 01emoji 04
Mais il a été trop souvent blessé avec l'OMemoji 14
magicjool magicjool

vendredi 07 Juillet 2017 à 14h13

Quelle génération... Qui n'a traversé les grandes compétitions que de façon trop fugace. Bel article et un hommage à un grand terreau de talents dans tous les sports co
coach zitoune coach zitoune

vendredi 07 Juillet 2017 à 06h19

Beau travail d'investigation emoji 15
chrisnonore chrisnonore

jeudi 06 Juillet 2017 à 19h26

Oui, une belle équipe avec Pixi Stojkovic, qui n'aura pas briller comme il aurait dû à l'OM à cause de nombreuses blessures ... avec, pour finir, la défaite en finale de la coupe des champions contre l'Etoile rouge.emoji 14emoji 14
rijekayu rijekayu

jeudi 06 Juillet 2017 à 18h37

Hé hé, tu me fais plaisir mon plit, c'est vrai que cette équipe avait vraiment le talent pour l'emporter emoji 22
Ton article est très intéressant, tu vas y prendre goût.
pissenlit pissenlit

jeudi 06 Juillet 2017 à 16h57

De beaux souvenirs en effet!emoji 15